Pour une mode plus authentique, plus mesurée : plus slow.
L’édition de rentrée 2019 de Who’s Next a été marquée par le lancement d’Impact, le nouveau rendez-vous parisien de la mode éco-responsable. Un premier événement marqué par un militantisme sincère et un désir de bâtir dès aujourd’hui les contours de la mode de demain. Une mode plus authentique, plus mesurée : plus slow.
En tout temps, la mode se montre. Elle s’expose, radicale. Se dévoile, magistrale. Elle défile, puis se défile, s’illustre sans se dévoiler. Elle tonne, détonne, marie les arts et les juxtapose. Bref, la mode doit voir et faire voir. Elle doit faire du bruit. Comment concilier dès lors cette industrie du spectacle avec les nouveaux impératifs éco-responsables ? “Avec Impact, le public perçoit la partie visible de l’iceberg mais c’est un mouvement plus profond et plus pérenne que l’on opère. Cette édition est un premier pas vers une transition écologique. En créant un événement dans l’événement et en prêtant attention à toutes ses étapes de fabrication, nous souhaitons faire passer le message à notre niveau”, explique le fondateur de Who’s Next. Un engagement que l’on retrouve dans tous les secteurs, comme en atteste la réussite du festival We Love Green, pionnier dans ce domaine. “On est des artisans avant tout, résume Marie Sabot, fondatrice et directrice associée du festival. Nous voulons montrer qu’un modèle alternatif est possible : plus propre, plus transparent, plus équitable et plus respectueux des hommes et de l’environnement.” C’est donc bel et bien un nouveau modèle économique qui se développe en marge ces dernières années. Un modèle éthique, durable et à visage humain. En apportant des solutions concrètes - allant du choix des prestataires à l’usage des matériaux choisis, en passant par la gestion de l’eau, des déchets ou de l’électricité - des initiatives comme We Love Green ou Impact montrent qu’une autre réalité est possible. “On veut montrer l’exemple et prouver que si l’on y arrive, tout le monde peut y arriver. Y compris les grands groupes et les fashion weeks, conclut Marie dans un sourire.”
Alors créer un événement responsable, comment ça marche ? C’est avant tout le fruit de durs labeurs et d’un véritable travail collaboratif : un flux continu entre petits et grands, associations, organismes et politiques qui apportent parfois aides et subventions. Des subventions souvent trop faibles comme en témoignent les 3,8% accordées à We Love Green cette année. Cette évolution est surtout le fruit d’un engagement quotidien sur le terrain. Un engagement que l’on a ressenti durant ces quatres jours à Impact de la part des indépendants et des groupes, des marques et des consommateurs et qui n’est pas toujours facile à démontrer lorsque l’on est une petite structure tentant de survivre dans ce vaste Eden qu’est la mode. “Pour favoriser l’engagement de la jeune création, nous avons créé le label Jean Louis, poursuit Xavier Clergerie. Avec ce label, nous souhaitons couronner l’élan entrepris par les créateurs de façon légère et festive, comme nous vivons la mode depuis trente ans. En finançant de nouveaux projets, en les rassemblant et en s’engageant avec eux, nous souhaitons leur apporter des solutions concrètes afin de les rendre plus visibles.” Car l’éloge de l’éco-responsabilité passe également par une communication subtile et une saine transparence. “J’espère que ce pas mis en avant dans la mode va fédérer le grand public et les médias”, conclut Marie Sabot, dans une note d’espoir.
Aujourd’hui, We Love Green et Impact sont devenus les vecteurs privilégiés d’une nouvelle forme de sensibilisation. En cherchant à imposer peu à peu un nouveau modèle économique, ils dessinent également les contours d’un nouveau “way of life” et d’une autre manière d’appréhender le monde : plus lent, plus humble et plus humain. S’en est-t-il fini pour autant du fast-living, de la course à la possession et d’une économie du virtuel ? Seul l’avenir nous le dira. Mais cette année, à n’en point douter, la mode est à la lenteur, à la mesure et à la beauté. Cette année, la mode est au “slow”.