LE PARI ÉTHIQUE & RÉUSSI DE SKFK
Né dans le pays basque espagnol à Guernica, la marque de prêt-à-porter féminin SKFK (anciennement Skunkfunk) fêtait ce Printemps-Eté 2019 ses 20 ans.
C’est en cherchant à étendre sa production que le fondateur de la marque Mikel Feijoo Elzo est catastrophé en visitant les usines de production en Asie, déclenchant chez lui une véritable prise de conscience et lui donnant l’idée de trouver d’autres solutions. Pendant 8 ans, la marque va se diriger vers le durable et le respect de l’environnement. L’année dernière, SKFK présentait une collection 100% durable.
Ludovic QUINAULT, Directeur Général associé répond à nos questions :
Ludovic Quinault, comment êtes-vous arrivé sur le chemin de la mode éco-responsable ?
J’ai travaillé dans l’univers du surf à Hossegor pour Rip Curl. J’y ai découvert, en habitant au bord de l’océan, la pollution. Ca sentait les hydrocarbures ! Nous étions immergés dans l’élément, cela faisait partie de notre quotidien. La sensibilisation sur le désastre écologique et humain est essentielle. Vu nos difficultés financières avec Skunkfunk, nous nous sommes remis en question dans ce milieu difficile qu’est la mode. Quitte à le faire, nous voulions “faire les choses bien” et être fiers de ce que nous produisons, en ayant comme but d'être pionnier, créatif, innovant tout en se posant les bonnes questions. Sans oublier d’aller sur le terrain, dans les champs de coton, pour discuter avec les fermiers indiens et comprendre ce qui est bio, pourquoi et comment. Nous travaillons d’ailleurs avec une coopérative d'ingénieurs agronomes indiens (elle a 14 ans, et maintenant ils sont plus de 4000 fermiers). Au début, cela me semblait tellement compliqué de faire du durable dans le textile, mais finalement, il faut établir les bonnes connexions, qui nous permettent de participer à quelque chose d’extraordinaire. Nous avons une approche globale de la mode durable à tous les niveaux : les matières, mais aussi toutes les alternatives comme le fil recyclé, ou encore donner une deuxième vie à nos produits; de plus, nous ne produisons pas de chutes de tissus (zero waste design).
Votre marque en 3 mots ?
Creativité
Atemporalité
Art contemporain
Business et éthique, c’est possible ?
Sans problème ! Si l’on considère que, dès qu’il y a création, il y a pollution, on ne fait plus rien : mais on peut créer des choses en minimisant l’impact, tout en sensibilisant toute la chaîne de production, et en ne travaillant qu’avec des acteurs sensibles à cette cause. On ne fait donc pas disparaître l’éthique dans le business.
Quelles sont vos inspirations ?
L’Art contemporain pour le design et la ville de Bilbao (au milieu des vaches et de la nature). Nous apprécions le travail des marques de référence comme Patagonia mais ce n’est pas de la mode, c’est de l’Outdoor.
Pourquoi Impact ?
Nous allions depuis six ans à l’Ethical Fashion Show à Berlin, dorénavant appelé Neonyt. Nous venions au Who’s Next et chaque année c’était le grand écart, nous souhaitions donc exposer au coeur d’un espace dédié à la mode durable. Cela s’est fait par petites touches et ça n’a pas été une mince affaire ! Cette saison, j’ai eu des doutes mais finalement, cela se passe très bien ! Pour une première édition, je les félicite !
Du côté du consommateur, avez vous constaté des changement notoires ?
Oui tout à fait, les consommateurs refusent même les sacs en papier, il y a clairement une tendance qui se dessine, mais gare au greenwashing qui peut avoir un impact négatif sur les néophytes.
À quels obstacles êtes-vous confrontés au quotidien ?
La fast fashion a déformé la valeur des choses sur le marché (pas le prix, mais bien la valeur). Nous essayons d’avoir des prix abordables (90 euros une robe par exemple), nous faisons sauter les intermédiaires, nous développons nous même les tissus, et nous nous asseyons aussi sur une partie de la marge et ne faisons pas de marketing (le bouche à oreille fonctionne très bien!)
Comment voyez-vous la mode de demain ?
Je pense que le volume va se réduire, il y aura moins de ventes et de volume, la consommation baissera et la qualité et durabilité du produit reviendra. Notons que ces valeurs existaient avant la fast fashion. La créativité va continuer, elle ne s'arrêtera jamais. De nouvelles matières vont se développer, et l’industrie va proposer du fil plus durable car la demande augmente. Difficile de dire combien de temps cela prendra, car il faut des chocs, économiques ou environnementaux, pour que l’humain réagisse. Je suis assez optimiste car le modèle de la fast fashion est déjà caduc, le marché est donc obligé de s’adapter !
Une belle rencontre et les coups de coeur sur Impact ?
Oui, lors de la table ronde, j’ai découvert “place 2 swap” nous allons peut être collaborer ensemble ! Et je ne suis qu’au milieu du salon, je pense que je vais rencontrer encore de nouvelles personnes intéressantes et de nouveaux projets !
Décrivez Impact en 2 mots :
Nouveauté & Experimental
Quels sont vos projets ? Quel avenir pour votre marque ?
Nous avons lancé la location en complément dans l’approche durable il y a quelques mois. Nous allons continuer d’expérimenter dans la création et le design, ainsi que dans la multifonction.